dimanche 6 mars 2016

Mounette (poème )



A l'encontre de  Paul et Virginie
notre union sans tache            
Ne marquera  pas les mémoires
Pour son harmonieuse histoire.            
 Mais en résistant à l'usure du temps
Et aux dissonances qui le  gâchent
Ensemble ,on a tout bonnement
Façonné le roman de notre vie.

Si Les flèches de Cupidon
Ne sont pas toujours en bois tendre
Nous savons depuis  toujours
Qu'au fond,  les vraies amours
Celles que l'on veut défendre,
Celles qui résistent aux saisons
Sont faites pour durer longtemps
En dépit de leurs frémissements.

Mounette, si ton plus bel ouvrage
Est  d'avoir par quatre fois donné
 La vie à de merveilleux diablotins,
Ton plus grand courage
Celui qui ne rapporte rien
Ne fut-il pas de me supporter
Durant toutes ces années
Avec autant de sérénité ?

En attendant, comment te dire
De vive voix, sinon te l'écrire
Que de nous deux, tu fus la richesse
Et moi le tourment, la détresse.
C'est l' histoire bien singulière
D'un qui n'est pas si fier
De n'avoir jamais su exprimer
La déférence qu'il éprouvait.


Toujours enamourée, sauras-tu trouver,
Mon petit roseau dépensant
Dans ces vers et cette complainte
Sujet ou caution à me pardonner?
Que ce poème écrit en demi teinte
Mais sans renier ma personnalité
Puisse te laisser imaginer
La profondeur de mes sentiments

Depuis longtemps déjà
Nous savons bien , toi et moi
Pour l'avoir vécu  maintes fois
Que  l'un de l'autre, hélas
on est jamais aussi près
Que lorsqu'on est bien loin
Et jamais aussi loin
Que lorsqu'on est si près

Le roman de notre vie
Est finalement bien banal :
C'est s'aimer en secret
Sans jamais se l'avouer
Une sorte de pudeur fatale
Empêchant toute euphorie
De profondément s'enraciner
Et au bonheur de se diffuser

Le temps s'écoule comme un torrent,
Et la tendresse fera place à l'envie.
Viendra un jour où s'ignoreront nos corps
Tandis que  nos esprits communieront encore
Puis l'ombre de notre  amour  déclinant
Comme projetée par un soleil couchant
s'estompera lentement  mais fatalement
Sur le crépuscule de notre vie



Brassens (poeme)



Cher  Georges, comment vous conter la douce  euphorie
Qui me berce depuis de longues années maintenant
 A l' écoute de  vos délicieuses mélodies,
Et de leurs vers qui s'en écoulent si  clairement

Savez-vous combien de   vos divines mélopées
Ont réveillé en moi les souvenirs  enfouis
D' amours  éperdues , de passions  imaginées
Et de rêves envolés tout au long de ma vie?

Ces nymphes que vous avez aimées passionnément
Et qui, fort à propos, ont fait votre bonheur
Je vous assure que  dans mes tranches de vie d'antan
je les ai connues, moi aussi , ces jolies fleurs.

 L'ingénue  dévêtue  de la claire fontaine
Comme la première fille qu'on a prit dans ses bras
Marinette , les casseuses ou la pauvre Hélène
Je les ai effeuillées et ne les oublie   pas

Et ces mots délaissés  par vous ressuscités
Qui  font de vos  poèmes mes œuvres de chevet
 Je vous  confesse de les avoir  rajoutés
Un à un au recueil de mes termes  ignorés

Personne mieux que vous n'aurait pu me faire aimer
Cette  langue qu'avec tant d' adresse  vous employez
Vos rimes voguent avec tellement de naturel
Que vous lire est une volupté culturelle

 Et que n'ai-je le temps de louer votre musique,
de votre guitare sans répit accompagnée
Illustrant si bien vos amourettes fatidiques,
Vos instants secrets ou vos intimes pensées

Que ceux qui  décrient  vos arrangements  de rengaine
Leur reprochant une triste monotonie
Sans jamais  avoir étudié vos cantilènes
s'efforcent une seule fois de jouer vos mélodies

Vous avez compris que je suis en harmonie
Avec votre raison, votre philosophie
Pardonnez alors à votre fidèle partisan
De pousser l'empathie jusqu'à l'extrême instant.

Soyez magnanime depuis votre paradis
Si  pour aller vous rejoindre là-haut  je convie
 mes descendants à entonner "le testament"
En guise de dernier et ultime  sacrement.






Les années 70 (poème )



Si ma vie devait tenir en une décennie
Que je puisse choisir entre celles  déjà vécues
Sans le moindre doute  je jette mon dévolu
Sur la plus belle, la plus cool, celle des seventies

Qu'un tel choix un de ces jours me soit concédé
Et je m'en retourne illico aux cheveux longs
A la musique country, aux manifestations
A nos combats, à notre liberté gagnée

Que ne puis-je y emmener les gens que j'aime
Infortunés héritiers qui ne l'ont  connu
Qu'à travers des livres, des chansons ou des poèmes

De notre monde, ils auraient un autre aperçu
En connaitraient d'autres valeurs, d'autres pensées
Et comme nous ils auraient appris à l'aimer.

Volcan (poème )



Quand la terre  veut rugir sa colère retenue
 Nul ne peut éviter cette force contenue.
Des plus violentes fureurs naissent les plus fascinants
Les plus majestueux, les plus puissants  volcans.

Certains crachent leurs  entrailles dans une explosion
Entrainant d'ardentes coulées pyroclastiques
Tandis que d'autres vomissent  dans une éruption
D'infernales rivières de matières magmatiques.

Sans leurs cendres projetées , sans leur lave répandue
Pourrions nous dire ce que nous serions devenus
Loin des lopins de terres cultivables et fertiles
Des crêtes émergées, des lagons ou des iles?

Qu'est-il de plus beau qui mérite plus de respect
Qu'un piton rougeoyant, qu'une montagne en fusion?
L'éternelle renaissance d'une terre transformée
Symbole de destruction et de recréation

Dévastateur pour une meilleure résurrection
Tel est le destin de ces massifs irritables
C'est de cette puissance à nulle autre comparable
Que vint l'image d'une divine domination



Réincarnation (poème )



Qu'il m'échoie un spirituel avenir
Quand mon âme  aura décidé de partir
Et de toutes les alléchantes propositions
Ma préférence ira à la réincarnation.

Si l'on juge mon karma  réussi
A l'avance, je rêve de ma nouvelle vie
Éloigné de mes frères humains
Isolé parmi les bovidés, serein.

De tous temps, ces divins herbivores,
Ruminants nourriciers, intarissables laitiers
Ont allaité, élevé ou protégé
Ceux qui aujourd'hui les dévorent

Contemporains des pyramides et d'Osiris,
Boukhis, Nout, Hathor et Apis,
Ces représentations divines aux attributs bovins,
Durant des siècles ont materné Les Egyptiens .

En Inde,  près du fleuve sacré
Sans les troupeaux des bouviers,
La flûte de  Krishna aurait-elle pu
Charmer  les  baigneuses nues ?

Et Io la prêtresse,  génisse blanche
 Des hellènes tant convoitée
n'eut-elle pas sa revanche
Sur Hera en se faisant tant aimer?

Le nordique Ymir nourrit par Audumla
Al-Baqara ,la plus longue des sourates
La vache rousse de la Thora
Sont des récits que l'on relate

Oh Dieux sans que je ne vous fâche
Divinités suprêmes que rien n'entache
Ayez pitié d'un pauvre athée
Et accédez ma dernière volonté
D'être en vache réincarné
Mais en Inde ...ou elle est sacrée